territoire fragile

ou la vulnérabilité des corps

Un corps à la peau diaphane, se détachant sur fond noir, répond en écho aux paysages nocturnes d’une forêt inconnue. Dans cet univers en clair-obscur, l’artiste convoque les pouvoirs mystérieux de la nature, tel un remède aux maux invisibles de nos vies.

Le spectateur chemine à travers ces paysages nordiques à la manière d’un voyageur égaré. Sous ses pas, des branchages crissent, dans l’air dansent des lumières pâles, fantômes ou bien esprits.

Ce corps, qui semble se débattre pour conjurer un mal inconnu, souffre-t-il de  tristesse, de douleur ou de mélancolie ? Peu à peu, sa conscience s’en trouve modifiée, il perçoit ce que ses yeux n’auraient pas su discerner l’instant d’avant. Cet arbre laisse alors entrevoir des reflets entre ses ombres, indiquant la voie vers un autre monde.

Le corps s’extrait de sa réalité pour glisser dans une autre dimension, dont la porte se trouve au cœur même de ces paysages. Les bois d’un cerf, tenus par des mains fermes, deviennent alors un talisman, et ce passage, un rite initiatique permettant d’accéder à une nouvelle connaissance de soi.

En capturant ces instants durant lesquels s’effacent les limites entre monde physique et spirituel, France Dubois invite le spectateur à une cérémonie mystérieuse et régénératrice. Elle suggère, à travers la vulnérabilité de nos corps, l’immense force de l’introspection et de la création artistique.

Texte de Marie Lemeland